Nous avons besoin d’une nouvelle Pentecôte – la société syrienne en crise

Douze années de guerre ont ébranlé les fondements de la société syrienne. Il en ressort trois victimes principales de ce conflit innommable : les familles, les jeunes et l’Eglise.

L’archevêque maronite de Damas,
Samir Nassar, appelle dans une interview
au magazine « La Croix » une nouvelle Pentecôte

Des familles détruites : la cellule germinale qu’est la famille, qui a toujours sauvé notre pays, a perdu sa fonction de cohésion. Les familles sont dispersées. De plus en plus de personnes âgées ne sont plus protégées par leur famille.  Les familles, qui rament à contre-courant depuis douze ans et qui sont affaiblies par la crise fondamentale, peuvent-elles encore remplir leur mission initiale ?

Une jeunesse affaiblie : autrefois force motrice de notre société, ces jeunes sont aujourd’hui au chômage, en fuite à l’étranger ou au service militaire. La fuite de nombreux jeunes laisse des vides qu’il est impossible de combler. L’absence des jeunes rend la reconstruction économique plus difficile. Un manque aigu de main-d’œuvre a encore affaibli l’économie locale qui s’est effondrée. Comment assurer la survie d’un pays privé de ses forces vives ? Comment faire face à une situation aussi paralysante que celle qui prévaut aujourd’hui en Syrie ?

Une Église remise en question : les baptêmes et les mariages se font de plus en plus rares. La baisse vertigineuse de la demande de sacrements se fait sentir depuis cinq ans. L’absence des jeunes a un impact négatif sur la vie de la paroisse. Le net recul de la fréquentation de la messe dominicale, des offres catéchétiques, de la première communion et d’autres activités pastorales entraîne également le départ et le découragement des prêtres qui n’assurent plus qu’un service minimum.

Ces changements fondamentaux invitent à remettre en question la pastorale traditionnelle. Mi-mars 2022, un symposium sur la doctrine sociale de l’Église, organisé par la nonciature apostolique et la Congrégation pour les Églises orientales, s’est tenu à Damas pour surmonter la peur et susciter l’espoir. Une Église apostolique aussi ancienne, qui s’est installée dans la tradition, est appelée à faire le pas vers une nouvelle forme de témoignage chrétien. Nous faisons confiance à l’Esprit, qui seul peut allumer une nouvelle Pentecôte. Viens Esprit de lumière.

+ Samir NASSAR

 Archevêque Maronite de Damas

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